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Toutes races Les organismes d'élevage en pleine mutation

Le 08 novembre dernier, le microcosme de la filière génétique bovine française avait rendez-vous à Paris pour une journée organisée par l’Institut de l’élevage sur le thème "La sélection des bovins laitiers à l’horizon 2010".

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L’occasion de faire le point sur les travaux menés en terme de génomique, d’indexation, de variabilité génétique…à travers les interventions des meilleurs spécialistes français sur chaque sujet. Nous reviendrons plus longuement sur le protocole de contrôle laitier B (par l’éleveur) et sur l’Observatoire des anomalies génétiques, la semaine prochaine.
La fin de journée a été consacrée à une "Table ronde" sur le thème "La création du progrès génétique", avec pour toile de fond l'évolution annoncée de la Loi sur l'Elevage. L'introduction, sur le registre "nous avons tout anticipé" alors qu'il y a encore seulement quelques mois le discours était "rien ne changera", pouvait laisser craindre le pire. Mais finalement, une série d'interventions intéressantes a montré que, bon gré, mal gré, chacun a intégré les évolutions à venir…

Seul le secteur de l'IA sort du système monopolistique

Après avoir rappelé  "les bienfaits de la Loi sur l'Elevage de 1966, qui a fait l'unanimité des éleveurs jusqu'au bout" assure Claude Allo, ancien directeur de l'Unceia, l'actuel directeur de l'Institut de l'Elevage a évoqué les changements attendus à travers l’article 28 de la future loi d’orientation agricole.
Deux raisons à ces évolutions, assure-t-il. "La nécessité d’avoir une plus grande robustesse juridique et l’affaiblissement du rôle de l’Etat dans les orientations et le financement. Le texte soumis au parlement est largement issu de la réflexion des OPA. Nous avons pris acte des décisions du Conseil de la concurrence français et de la Commission européenne, mais nous avons défendu coûte que coûte le système français et l'avons fait évoluer en préservant le mutualisme."

Ont suivi les interventions des différents responsables invités. Nous reprenons ci-dessous quelques propos de trois des intervenants impliqués dans la réorganisation des structures d’élevages proches des éleveurs : Contrôle laitier, coopérative d’insémination/unité de sélection et Upra.

"J’insiste sur notre anticipation. Nous savions que le dispositif devait évoluer. Avec l’ensemble des acteurs du DGF, nous avons entamé une réflexion.[…] Il me semble que l’on va vers un dispositif plus fragile car soumi aux règles de la concurrence.

[…] Pour le contrôle laitier, c’est la notion d’opérateur unique qui a finalement prévalu. Il y aura un agrément après appel d’offre sur des territoires qui seront plus grands que les périmètres actuels, d’où une nécessaire restructuration des organismes de contrôle laitier. Quant au positionnement du contrôle laitier dans le nouveau dispositif nous ne savons pas au final quelle sera l’attitude de la Commission européenne."

"Quant au positionnement du contrôle laitier dans le nouveau dispositif nous ne savons pas au final quelle sera l’attitude la Commission européenne."

 

Jean-Marc Vacelet, directeur de l’Upra Montbéliarde,

"La notion franco-française d’Upra ne s’était pas imposée partout, dans toutes les races. Aujourd’hui, il y a trop fréquemment opposition entre Upra et unité de sélection. Les Upra doivent soutenir et encourager les unités de sélection française.

[…] Une race n’appartient pas à l’Upra ou aux unités de sélection. Tout autour, il y a les éleveurs, les organisations d’export, les Opa qui s’investissent dans le patrimoine d’une région. Il ne doit donc pas y avoir superposition entre les unités de sélection et le futur Organisme de sélection (OS).
Pour réussir le pari de cette mutation d’UPRA en OS, il faut arrêter de regarder par le filtre des services élaborés. Par p. e., en Montbéliarde, le premier collège a été ouvert à tous les éleveurs, même non adhérent au contrôle laitier. Nous sommes ainsi passés de 4500 à 30000 éleveurs représentés. 

"Pour réussir le pari de cette mutation d’UPRA en OS, il faut arrêter de regarder par le filtre des services élaborés".

L’application dans chaque race ne sera pas toujours facile. Elles vivent avec leur histoire, des nombres d’interlocuteurs qui varient de 1 à 6 ou 7, des constructions financières très variées."

 

"Nous étions satisfaits du dispositif précédent qui a donné de bons résultats, dont on peut s’enorgueillir. Il a permis de maintenir la biodiversité avec un système d’indexation valable pour toutes les races qui valorisent nos territoires.
[…] Finalement, l’insémination est le seul secteur qui sort des règles d’exclusivisme avec la fin du monopôle. On a milité pour garder l’essentiel du dispositif en évitant une espèce de « thatchérisme ». Le service universel prévu dans la future loi est comparable à celui de La Poste ou d’Edf. Il permettra à chacun d’être servi.
[…] La production de semence était organisée en fonction de l’attribution du monopole de zone. La nouvelle donne suppose une réorganisation de nos coopératives en coop de plus grandes tailles, entretenant un mouvement de restructuration autour des entreprises de sélection."

 


« Table ronde » : la création du progrès génétique. De g. à d. :
- Jean-Noël Bonnet, chef du bureau de la coopération technique internationale,
- Jean-Marc Vacelet, directeur de l’Upra Montbéliarde,
- Jean-Claude Mocquot, chef du département génétique de l’Institut de l’Elevage,
- Vincent Andrieu, président de France Contrôle Laitier et de la commission génétique bovine de l’Institut de l’Elevage,
- Claude Allo, directeur général de l’Institut de l’Elevage,
- Maurice Barbezant, directeur de l’Unceia, ,
- Didier Boischard, chef du département génétique animale de l’Inra
(© J.-L. D. )

 

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